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Analyse de l'exemple 14.
L’ellipse (i1) du sujet du second verbe du premier paragraphe : « Un homme épouvantable entre et [Ø] se regarde dans la glace » est une ellipse recouvrable simple. Cette ellipse accentue l’unité périodique formée par la coordination des clauses c1 ET c2. Une autre ellipse survient au paragraphe 2, marqué par l’absence de verbe attributif du discours direct. Il faut attendre le début du troisième paragraphe pour que, avec « L’homme épouvantable me répond », par présupposition (i2) : pour répondre il faut en effet qu’une question ait été posée, on puisse rétablir l’ellipse en comprenant que le sujet désigné par le pronom de première personne ME était l’auteur de la question. Une autre présupposition passe par le connecteur PUISQUE L’assertion « vous ne pouvez vous y voir qu’avec déplaisir » [c4] est posée comme une évidence interlocutivement admise. Cet accord en forme de présupposition (i2) rend possible la question intriguée que pose le narrateur.
Dans le discours direct du troisième paragraphe, le raisonnement du personnage prend la forme de l’enthymème, en raison de la suppression de la prémisse mineure d’un syllogisme : on ne peut passer de la prémisse majeure citationnelles de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen [c52] à la conclusion introduite par DONC qu’en s’appuyant sur une prémisse mineure de type : Or je suis un homme (sous-entendu complémentaire : en dépit de ma laideur extrême ; bien qu’« épouvantable », il n’en est pas moins un homme). Quant à la clause [c56] « Cela ne regarde que ma conscience », elle comporte un sous-entendu (i3) conclusif : que je me regarde dans la glace ou non cela ne vous regarde pas, et un implicite : Nous n’avons plus rien à nous dire ; cet échange est terminé !
Un dernier aspect de l’implicitation est également exemplifié dans ce texte : la reprise d’un énoncé présent dans un autre texte (i4). C’est le cas de l’expression formulaire « les immortels principes de 89 ». Ce segment apparaît déjà dans le corpus baudelairien (intra-textuellement) dans un passage de Mon cœur mis à nu (section 15, sous-section « Portraits et anecdotes ») où Baudelaire dresse un portrait de Charpentier, éditeur de la Revue nationale qui se permettait de corriger les poèmes en prose envoyés par le poète : « [Charpentier] qui corrige ses auteurs, en vertu de l’égalité donnée à tous les hommes par les immortels principes de 89 ». Ce même segment se retrouve, intertextuellement, dans la profession de foi républicaine du pharmacien Homais, dans le chapitre 1 de la deuxième partie de Madame Bovary de Flaubert : « Mon Dieu, à moi, c’est le Dieu de Socrate, de Franklin, de Voltaire et de Béranger ! Je suis pour la Profession de foi du vicaire savoyard et les immortels principes de 89 ! ». Ce segment textuel renvoie à un interdiscours politique dont les deux écrivains se distancient l’un et l’autre ironiquement. Certes lisible par un nombre restreint de lecteurs, ce clin d’œil intertextuel et intratextuel rend le personnage du « Miroir » aussi pédant et ridicule que le pharmacien de Madame Bovary et l’éditeur de la Revue nationale.