1. Dans les travaux du GARS, un noyau est défini cumulativement :
(i) par son autonomie syntaxique :
On convient d’appeler « noyau » l’unité minimale de macro-syntaxe, qui permet de former un énoncé autonome. [Blanche-Benveniste 1990 : 114]
(ii) par son autonomie prosodique :
Sont considérées comme « noyaux » les unités qui, à l’intérieur d’un énoncé donné, sont effectivement dotés d’une mélodie conclusive. [Blanche-Benveniste 2003 : 56]
(iii) par son autonomie pragmatico-énonciative :
Le noyau est une unité macro- (donc autonome énonciativement) qui a la possibilité de porter des modalités interprétables en termes de force illocutoire notées par le trait [+ illoc]. [Debaisieux & al. 2013 :74]
Les ad-noyaux sont définis par des propriétés inverses : ils ne peuvent pas former à eux seuls un énoncé pertinent, mais impliquent la cooccurrence d’un noyau ; ce ne sont pas des segments prosodiquement autonomes, bornés par un intonème conclusif, et ils ne signifient pas des actes illocutoires. Ils sont essentiellement caractérisés par la position qu’ils occupent relativement au noyau (prénoyaux, postnoyaux) [Blanche-Benveniste 1990 ; Debaisieux & al. 2013 : 64 sq.].
Il est à noter que le critère (ii) ne vaut que dans le cadre
d’énoncés envisagés en isolation, mais cesse d’être opératoire lorsqu’on a
affaire à des énoncés en discours, (leur noyau ne porte pas toujours un intonème
conclusif). Quant au critère (iii), il est rendu fragile par l’absence de
caractérisation formelle des actes illocutoires, ceux-ci étant identifiés de
manière intuitive et sans garanties de généralité. Pour un bilan critique
détaillé, voir la section 4 de la notice ‘Phrase’
> Notice .
2. Quant aux
dépendances macro-syntaxiques, elles sont décrites comme des relations purement
paratactiques au plan formel, et qui ne sont pas sujettes à interprétation compositionnelle
mais inférentielle (le rapport sémantique d’un ad-noyau au noyau n’est pas codé
dans une fonction grammaticale, mais doit être calculé par inférence, sur la
base des matériaux lexicaux qu’ils contiennent, et compte tenu du contexte
informationnel [Deulofeu 2008 ; 2021]).
Ainsi conçues, les dépendances macro-syntaxiques apparaissent
de même nature que les relations entre énoncés successifs dans le discours, ce qui
pose le problème de l’identification des frontières d’énoncé : est-il
légitime de considérer les ad-noyaux comme des constituants périphériques
inclus dans un énoncé, et ne serait-il pas plus généralisant de voir dans certains d'entre eux des
énoncés distincts, non verbaux, grammaticalement indépendants et soumis à des contraintes d’occurrence
purement pragmatiques ? Répondre à ces questions ne peut se faire que sur la base
d'une définition empirique précise de ce qu'est un énoncé, laquelle fait actuellement défaut.