Halliday, M.A.K. (1985). An introduction to functional grammar. London: Edward Arnold.
Halliday, M.A.K. (1989). Spoken and written language. Oxford: Oxford University Press. Second edition.
La démarche de Halliday consiste à décrire les structures linguistiques comme investies de fonctions communicatives (idéationnelles, interpersonnelles et textuelles), dans une perspective plus pragmatique que grammaticale. Cela le conduit néanmoins à se pencher sur la combinatoire inter-propositionnelle (1985, 1989).
1. Son analyse du discours prend pour unité de base la clause (terme usuel en anglais pour désigner les propositions). Elle est définie par son contenu, qui allie la représentation d’une donnée d’expérience, une modalité énonciative et une fonction informationnelle (thème + propos). Cette notion est équivalente à celle de phrase simple constituée d’une seule proposition :
A so called ‘simple sentence’ is a sentence consisting of one clause. (1985 : 66 )
2. Halliday récuse par contre la notion traditionnelle de phrase complexe, en distinguant parmi ses ressortissants deux sortes de structures. D’une part, les enchâssements (embedding), qui consistent à intégrer une clause dans une autre pour n’en former qu’une seule, et d’autre part l’assemblage de deux clauses en une unité de rang supérieur, ou complexe clausal (clause complex) :
It is important to distinguish between embedding on the one hand and the ‘tactic’ relations of parataxis and hypotaxis on the other. Whereas parataxis and hypotaxis are relations BETWEEN clauses (or other ranking elements; […]), embedding is not. Embedding is a mechanism whereby a clause or phrase comes to function as a constituent WITHIN the structure of a group, which itself is a constituent of a clause.
Dans son livre sur l’oral et l’écrit, (1989 : 83-84) Halliday illustre cette distinction en comparant les deux exemples suivants :
(1) Have
you seen my husband, who came in with me?
Avez-vous vu mon mari, qui est entré avec moi ?
(2) Have you seen the man who came in with me?
Avez-vous vu l’homme qui est entré avec moi ?
La formulation (1) est un complexe clausal formé de deux clauses reliées par hypotaxe (la relative non déterminative étant une clause distincte de la principale dont elle dépend) ; la formulation (2) est un cas d’enchâssement, analysable comme une clause unique (dont la relative déterminative n’est qu’un constituant). Ces constructions relèvent de deux procédés syntaxiques différents :
In mathematical terms, the hypotactic relation is one of iteration, whereas embedding is one of recursion. (p. 84 )
3. Au nombre des complexes clausaux figurent entre autres les subordinations en when, if, because, instead of, besides of… (quand, si, parce que, au lieu de, outre que). Halliday les range dans la même classe que les suites formées de deux clauses indépendantes, liées ou non par un connecteur. La catégorie clause complex rassemble donc d’une part des constructions hypotaxiques (dont les termes sont en relation inégalitaire de dépendance), et d’autre part des constructions parataxiques (dont les termes sont en relation égalitaire), sans que soient toutefois caractérisées précisément les marques formelles justifiant cette distinction, qui semble être une survivance de la grammaire traditionnelle.
The clause complex will be the only grammatical unit which we shall recognize above the clause. Hence there will be no need to bring in the term ‘sentence’ as a distinct grammatical category. (1985 : 193 )
4. Bien que Halliday n’ait pas pour objectif principal de développer une syntaxe, son modèle présente des convergences avec les grammaires d’énoncé, (i) par l’abandon de la notion de phrase, (ii) par l’opposition entre syntaxes de récursion vs d’itération, qui recoupe en partie la distinction entre micro et macro-syntaxe, et (iii) par la segmentation des textes qui en résulte.
Ce qu’on appelle ‘phrase simple’ est une phrase qui consiste en une seule clause.
Il est important de distinguer entre l’enchâssement, d’une part, et les relations ‘tactiques’ de parataxe et d’hypotaxe, d’autre part. Tandis que la parataxe et l’hypotaxe sont des relations ENTRE clauses (ou entre éléments d’un autre rang hiérarchique), l’enchâssement n’est pas une relation entre clauses. L’enchâssement est un mécanisme par lequel une clause ou un syntagme en vient à fonctionner comme un constituant à l’intérieur de la structure d’un groupe, qui lui-même est un constituant de la clause.
En termes mathématiques, l’hypotaxe est une relation d’itération, tandis que l’enchâssement est une relation de récursion.
(Sur cette opposition, voir la
Notice
Récursivité.
En bref, il y a itération quand une unité contient plusieurs constituants de
même type, et il y a récursion lorsqu’une unité contient un constituant du même
type qu’elle :
Itération : […X+X+X…]Y
Récursion : […X…]X).
Le complexe clausal sera la seule unité grammaticale que nous reconnaîtrons au-dessus de la clause. Il ne sera donc pas nécessaire d’introduire le terme ‘phrase’ comme catégorie grammaticale distincte.
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