L'adjectif adverbal (sous-notice)

Ainsi Noailly (1999 : 149) voit de « fines nuances » sémantiques dans s’habiller triste vs tristement, voyager léger vs légèrement, voter utile (= ‘faire un vote utile’) vs utilement (= ‘faire quelque chose d’utile en votant’). Selon l’auteure, « l’adjectif semble avoir une incidence plus précise que l’adverbe en –ment, et qualifier strictement le procès contenu dans la forme verbale, ou son résultat ». Muller (2000 : 31n) ne dit pas autre chose :

Il y a cependant une différence entre la qualification par un adverbe et celle par un adjectif : cette dernière qualifie moins la ‘manière’ que le résultat de l’action – ce qu’a vu Le Goffic (1993, p. 367) quand il parle d’attribut ‘accessoire de l’idée verbale’. L’adjectif caractérise l’action nominalisée, plutôt que le processus : II s’est arrêté net / ??I1 s’est arrêté nettement = son arrêt est net (plutôt que : d’une manière nette).

L’écho aux équations de Damourette & Pichon est indéniable.

Proposant pour il parle net la glose ‘il parle un langage net, ses paroles sont nettes’, et pour il parle nettement la glose ‘il parle de manière articulée’, Van Raemdonck (2014 : 104) conclut :

Les différences de glose montrent bien que les mécanismes mis en œuvre sont différents et ne peuvent être assimilés ou confondus et donc analysés à l’identique. Dans le premier cas, c’est le résultat qui est visé par la caractérisation […] ; dans le second, c’est le processus qui est visé […].

L’analyse de Goes (1999 : 222) est au diapason, lui qui considère que « l’adjectif adverbial [sic, GC] qualifie un sème intérieur au verbe, mais sans que cela rejaillisse sur le sujet ». Citant les exemples suivants (les parenthèses sont de l’auteur) :

(28)  (a) Vous toussez gras ? (une toux grasse)

(b) Je voudrais savoir s’il était facile ou difficile de danser contemporain sur Mozart (cité par Noailly)  (la danse contemporaine)

il les oppose à Pierre écoute attentivement où « non seulement l’écoute de Pierre est attentive, mais Pierre lui-même est nécessairement attentif ». Présentant enfin la paire d’exemples :

(29)  (a) Pierre parle bas. (uniquement sa façon de parler)

(b) Pierre parle bassement. (incident à Pierre : lâchement, vilement)

il conclut que « la différence entre un adjectif adverbial et un adverbe en –ment sera souvent celle entre le rejaillissement ou non du sens de l’adverbe sur le sujet ». « Souvent » mais pas systématiquement : dans Téléphonez malin, téléphonez futé, téléphonez rusé (cité par Noailly), l’adjectif « qualifie également le sujet » (ibid., 223).

 

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